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Fatou de Blackswan : “Les fans aimeraient voir des personnes qui leur ressemblent dans un groupe de K-Pop”

Sarah Chollet 19 janvier 2022
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Fatou est une jeune artiste sénégalaise de 26 ans. En quelques mois, elle a réussi, par son talent et sa voix unique, à se faire une place dans l’industrie fermée et standardisée de la K-Pop, où le racisme est encore très présent. Elle a su s’imposer comme une figure importante auprès des fans internationaux de K-Pop et est devenue une lueur d’espoir et idole pour des milliers de personnes à travers le monde. Elle montre que tout est possible si l’on croit en ses rêves. Rencontre !

Cette passionnée de musique est une rappeuse originaire de Tirlemont, en Belgique. Elle a quitté son pays et sa famille il y a 2 ans, sans réel plan, pour aller vivre en Corée du Sud. Là-bas, elle devient mannequin et se fait très rapidement repérer par un directeur de label et intègre un groupe de K-Pop.

Son groupe, Blackswan, qui est composé de quatre jeunes filles, a débuté en 2020 avec le titre Tonight. Il a pour spécificité d’être multiethnique ! En effet, Judy ainsi que Youngheun sont coréennes, Leia est japonaise-brésilienne et pour finir, Fatou est  sénégalaise. Leur musique est pop-électronique.

D’où te vient cette passion pour la musique ?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé la musique parce qu’il y en avait sans cesse à la maison. J’ai grandi entourée par la musique. Quand j’écoute une chanson, mon cœur s’emballe, je me sens vivante et pleine d’énergie.

As-tu une famille artistique ?

Ma famille a toujours été portée par la musique. Quand on se rassemblait tous ensemble au Sénégal, il y avait constamment quelqu’un qui dansait ou chantait. De manière générale, la culture sénégalaise est construite autour de la musique.

Étais-tu une bonne élève à l’école ? J’ai lu que tu savais notamment parler plusieurs langues.

Je ne dirais pas que j’étais bonne élève mais néanmoins, j’ai un fort intérêt pour les langues et cultures étrangères. Voyager et découvrir le monde est quelque chose qui m’intéresse énormément.

Comment s’est déroulée ton enfance ? Quelles étaient tes passions plus jeune ?
Enfant, j’étais très active. J’ai fait beaucoup de sports différents comme du foot, de la danse ou encore de la natation. J’aimais aussi énormément jouer avec mes poupées et leur faire des vêtements.

Comment as-tu découvert la K-Pop ?

J’ai découvert cet univers à 15 ans lorsqu’un ami d’école m’a montré le clip Replay, de SHINee. Depuis ce jour, je suis très intéressée par la K-Pop.

Qu’est-ce qui t’as attirée dans la K-Pop ?

Au départ, ça m’a plu parce que j’aime la musique en général. Mais il faut avouer que la K-Pop a un charme différent. De plus à l’époque, je traversais une période difficile mentalement et la K-Pop m’a beaucoup apporté : de l’amour, de la joie, de la confiance en moi… Elle a ramené toutes ces notions dans ma vie. Et ce sont ces sentiments qui m’ont fait comprendre que c’était le type de musique que je voulais créer. Tout ce que je veux, c’est rendre les gens heureux et aimés à travers ma musique. Je veux qu’ils reprennent également confiance en eux grâce à ça.




Tu étais mannequin avant de devenir idole de K-Pop. Comment es-tu arrivée dans le mannequinat ? Et pourquoi ?

À vrai dire, j’ai commencé le mannequinat un peu par hasard. Je n’avais pas réellement l’intention d’en faire mon métier. Lorsque je suis arrivée en Corée du Sud, une de mes amies m’a dit qu’elle pensait que je ferais un bon mannequin et qu’elle avait un ami photographe qu’elle pourrait contacter pour faire un essai. J’ai alors tenté ma chance. Être devant la caméra et poser, c’est amusant je trouve. Et voilà, c’est comme ça que tout a commencé !

Comment la transition de modèle à idole de K-Pop s’est-elle déroulée ?

Très naturellement, puisque travailler dans la musique a toujours été mon but ultime.

Comment la période de “stagiaire” s’est-elle passée ? (ndlr : avant de débuter leurs carrières, les idoles de K-Pop doivent s’entraîner pendant plusieurs mois ou années en chant, danse, rap mais également acting ou communication pour pouvoir espérer débuter dans le milieu)

Ma vie en tant que stagiaire a vraiment été difficile physiquement. Mais le pire, c’était mentalement. Je me suis entraînée pendant un an, durant lequel je ne faisais plus de mannequinat parce que je n’avais plus le temps.

Comment as-tu appris le coréen ?

J’ai appris le coréen en parlant avec les membres de mon groupe. Au début, c’était compliqué mais cela s’est amélioré avec le temps. Dorénavant, je peux communiquer avec mes amis plus facilement.

Blackswan lors de l’émission Show Champion, le 20 octobre 2021  © @blackswan___official instragram

Que penses-tu du fait d’être l’une des seules personnes de couleur dans l’industrie de la K-Pop ? Ressens-tu une pression par rapport à ceci, ou l’impression d’être jugée par certaines personnes ?

À vrai dire, je ne pense pas trop à ça sinon mon cerveau exploserait. Je me contente de faire mon travail. Du moment que je travaille avec ardeur pour présenter la meilleure des performances sur scène, ça me va. Je fais de mon mieux pour rendre nos fans heureux et me satisfaire moi-même, c’est la seule chose qui compte pour moi. Je ne veux pas penser à autre chose, aux jugements négatifs, ou me mettre la pression.

Il y a encore beaucoup de racisme et de discrimination dans l’industrie de la K-Pop, et en Corée du Sud en général. Certains fans sont inquiets que cela puisse t’affecter mentalement et par conséquence te faire quitter le groupe.  Que peux-tu leur dire pour les rassurer ?

Je suis très chanceuse d’avoir été acceptée par les personnes qui m’entourent, et le public coréen nous a plutôt bien accueillies donc je suis très heureuse. Mais bien sûr qu’il y a encore beaucoup de racisme, comme dans tous les autres pays du monde.

Ton début dans Blackswan a eu un impact important dans la K-Pop et le divertissement coréen, qui essaie d’éradiquer la discrimination. Certains journalistes pensent que tu pourrais être la voix d’un nouveau chapitre dans la K-Pop et faire changer les mentalités. Qu’en penses-tu ?

Premièrement, je suis très heureuse d’entendre cela. Tout ce que je peux vous dire c’est que je vais continuer à travailler avec rigueur et faire de mon mieux. Je veux simplement que les gens me voient comme je suis, en étant moi-même. Je veux aider les gens et les inspirer.

Il y a beaucoup de représentation des différentes ethnies asiatiques dans la K-Pop mais très peu du reste du monde. Est-ce que la K-Pop pourrait être plus diversifiée selon toi ?

Je pense que ce serait une bonne chose car la K-Pop est un phénomène international maintenant. Je pense aussi que les fans aimeraient voir des personnes qui leur ressemblent dans un groupe de K-Pop. Non seulement cela permettrait de diffuser différentes cultures à travers le monde mais aussi de créer une meilleure compréhension entre ces cultures.

Quels sont les points positifs d’être dans un groupe multinational ?

Étant donné que nous avons toutes un vécu différent, nous nous transmettons mutuellement beaucoup de choses sur nos cultures et langues respectives. Nous essayons d’avoir une vision plus large du monde.

© @b_fatou_s instagram

Comment se passe la création des chansons ? Es-tu impliquée dans l’écriture ?

Pour le single de notre album Close to me, j’ai participé à la création de la chorégraphie et j’ai également écrit mes parties pour la seconde chanson, Get up.

As-tu une anecdote amusante ou un moment qui t’as marquée à nous raconter ?

Lorsque nous avons performé en Belgique, l’énergie, l’amour et la chaleur des fans étaient incroyable. C’est un moment que je n’oublierai jamais.

Mannequinat, rap, danse, polyglotte… Tu es une personne très talentueuse, qui a déjà vécu beaucoup d’expériences incroyables, mais y a-t-il quelque choses que tu aimerais essayer ?

Je voudrais essayer le dessin parce que j’aime l’art mais cela me faire peur, ça semble difficile !

Vous avez sorti l’album Close to me le 14 octobre dernier. Quelle est la suite pour le groupe ?

Nous allons faire un comeback, même plusieurs j’espère ! Tout ce que je peux dire pour le moment, c’est de rester à l’écoute.

Un mot de fin pour les Lumina français (ndlr : nom des fans de Blackswan) et les personnes qui vont vous découvrir à travers cet article ?

Je tiens tout d’abord à remercier les fans du plus profond de mon cœur pour l’amour et le soutien qu’ils nous apportent. Nous allons continuer à travailler intensément pour produire de la bonne musique, faire des bonnes performances pour vous divertir. J’espère que vous allez rester avec nous aussi longtemps que possible. J’espère également que nous pourrons vous rencontrer en personnes très bientôt. On vous aime.




Suivez le groupe Blackswan sur leur chaîne Youtube et leur compte Instagram.

Propos recueillis par Sarah Chollet 

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